Africa Cyber Defense Forum : Jili Bulelani évoque la question de la multiplication des outils de surveillances chinois en Afrique
Dans le chapitre intitulé “La propagation des outils de surveillance chinoise en Afrique" du rapport Africa-Europe Cooperation and Digital Transformation, Bulelani Jili, chercheur en cybersécurité à la Harvard Kennedy School, expose l'expansion de la Chine dans le secteur des infrastructures numériques et de la cybersécurité dans plusieurs pays africains. Cette implantation, fruit de nombreuses années de coopération et de relation est censée permettre aux pays africains concernés d’asseoir leur force dans le concert des nations qui se tournent davantage vers la nouvelle ère numérique appelée Smart Africa.
Ainsi, la Chine accompagne aujourd’hui environ 16 pays africains depuis plusieurs années pour renforcer le système informatique dans ces pays. Considérée comme un défi à relever pour les pays africains, la cybersécurité participe de la protection des données informatiques. Et pour un continent qui veut intégrer davantage le système numérique mondial, la Chine met ses savoir-faire en la matière à la disposition des autorités des différents pays où elle est présente.
Aujourd’hui encore, plusieurs secteurs d’activités ont besoin du numérique pour évoluer, qu'il soit du public ou du privé. C’est pour accompagner les pays africains que la Chine, à travers les relations et coopérations, finance et met sa technologie de défense des données informatiques à la disposition des pays n’ayant pas les moyens de protéger leur système numérique ou de prévenir les cybercrimes, les cyberattaques, les cyber incidents. Selon le rapport de Bulelani Jili, selon le rapport, cette intervention se fait par le biais de Huawei, géant chinois de la technologie dans le cadre de son initiative "safe city". C’est ainsi que Jili Bulelani a relevé qu'en 2018, Huawei a pourvu un centre de commandement de police nationale au Kenya avec un soutien à plus de 9 000 agents de police et 195 postes de police pour accélérer la prévention de la criminalité avec des outils de surveillance dernière génération. Ce qui a permis au pays d’observer une baisse du taux de criminalité lié au numérique.
L’Éthiopie, le Kenya ou même le Zimbabwe sont des exemples de cette coopération technologique. Ces pays africains ont reçu une aide financière et technique substantielle de la Chine afin de bâtir leur infrastructure numérique respective. Cette infrastructure qui n’est rien d’autre que la solution aux ambitions, à l’inefficacité mais aussi et surtout aux préoccupations de l’Etat en matière des questions de sécurité d’Etat.
En effet, l’infrastructure numérique de Nairobi est constituée principalement d’initiatives pilotées par Huawei, composée de câbles à fibre optique,de caméras de surveillance, de dispositifs de suivi interconnectés, de logiciels et de systèmes de stockage. Par ailleurs, Addis-Abeba(Éthiopie) a plutôt cherché à élargir son infrastructure numérique composée de câbles à fibres optiques et de systèmes de stockage. L’objectif de ces infrastructures numériques est de renforcer la loi et l’ordre.
Il faut cependant dire que ces outils de surveillance d’intelligence artificielle chinois en Afrique suscitent polémique et inquiétudes et tout ceci bien au-delà de ce que ces outils peuvent apporter en Afrique comme évolution. Une question majeure se pose en ce qui concerne la gestion de ces milliards de données mais aussi sur leur gouvernance. On peut légitimement se demander ce qu’il en est…
Christelle HOUETO
Journaliste digital