La cybersécurité doit être au cœur des enjeux de l’Afrique

La crise du Covid-19 a accéléré la transformation digitale des économies africaines, accélérant par là même l’intensité de la cybercriminalité partout sur le continent. Ce phénomène aurait coûté à l’Afrique plus de 2000 milliards de francs CFA en 2020, soit 3 milliards d’euros [Franck Kié, Forum International de Dakar]. Un coût non négligeable, qui fait des enjeux de sécurité informatique un enjeu primordial.

Alors qu’on estime que 46 % d’africains utilisent Internet en 2021, ce chiffre est amené à continuer d’évoluer : en effet, la population du continent devrait doubler d’ici à 2050 [Internet World Stats], menant ainsi à un paradigme selon lequel la moitié de africains aura alors moins de 25 ans. Cette dynamique pose ainsi l’urgente question de l’encadrement de l’usage du numérique, et souligne la nécessité d’endiguer l’expansion de la cybercriminalité. Force est en effet de constater que selon l’éditeur de logiciels de cybersécurité Kasperky, le continent africain a été la cible de 28 millions de cyberattaques entre les mois de janvier et août 2020 [Le Monde]. Cet état de fait a été favorisé par l’intensification de la digitalisation due au télétravail généralisé, occasionné par la pandémie du Covid-19. Ces attaques se traduisent par des sabotages d’infrastructures, des pertes dues à la fraude numérique ou encore par de véritables atteintes à la sécurité nationale impliquant l’espionnage et le vol de renseignements stratégiques. De plus, ces opérations sont réalisées par des individus ou entités de plus en plus performants et organisés, qui inquiètent chaque jour un peu plus les décideurs africains issus des secteurs publics comme privés.

Les secteurs les plus touchés par ces attaques sont des domaines clés pour l’économie du continent tels que le secteur financier, les organisations publiques et les commerces. À titre d’exemple, en dix ans d’existence, le CI-CERT (Côte d’Ivoire – Computer Emergency Response Team) a évalué le coût de la cybercriminalité pour l’économie du pays à 20 milliards de francs CFA, soit environ 30,5 millions d’euros. Autant d’éléments qui prouvent que la cybersécurité doit être placée au cœur des enjeux de l’Afrique, afin d’éviter une digitalisation trop rapide et potentiellement incontrôlable, sur un continent aux économies en pleine expansions, mais toujours fragiles.

Cependant, si la sécurité informatique a un coût, elle est aussi porteuse de nombreuses opportunités. En matière d’emplois par exemple, on estime à 3,5 millions le nombre de postes vacants à l’échelle mondiale [Cybersecurity Ventures]. Ainsi, seuls 10 000 postes sont pourvus en Afrique dans le secteur de la cybersécurité, alors que le continent aurait besoin d’un million d’emplois pour lutter efficacement contre la menace numérique [Franck Kié, Forum International de Dakar].

Face à cet état de fait, Huawei s’engage depuis des années aux côtés des gouvernements et organisations privées africaines, à travers des partenariats aboutissant à des stratégies efficaces. Au niveau panafricain, le Groupe met à disposition des États africains des solutions software et hardware pour assurer leur souveraineté numérique. Dernièrement, Huawei a construit une plate-forme de coopération dans la région dite Northern Africa, à travers l’intermédiaire de ses deux centres mondiaux de cybersécurité et de protection de la vie privée, situés à Dongguan et à Bruxelles. Enfin, Huawei est convaincu que la cybersécurité représente une possibilité d’émancipation concrète pour la jeunesse pléthorique et inventive du continent africain. Ainsi, en Côte d’Ivoire notamment, Huawei a travaillé conjointement avec les décideurs politiques pour créer des centres de formations en cybersécurité.

Sans véritable volonté politique, la sûreté des cyberespaces africains ne pourra pas être effective. Il est donc urgent de développer un modèle africain en matière de sécurité informatique, dans le but d’établir une stratégie panafricaine de lutte, à l’image de l’adoption récente par le parlement de la Communauté économique des états d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) d’un programme commun de lutte contre la cybercriminalité.

Adnane Ben Halima, Vice-Président en charge des relations publiques pour la région Méditerranée de Huawei Northern Africa

Sources