Coopération stratégique, institutionnelle, opérationnelle et technique pour une sécurité internationale

Propos recueillis par Mélanie Bénard-crozat

Direction dédiée à la coopération de sécurité, commune à la police nationale et à la gendarmerie nationale, la DCI a été créée en 2010. Elle met en œuvre la politique étrangère de la France en matière de sécurité intérieure, sous l’égide du ministère de l’Intérieur, au travers d’actions de coopération opérationnelle, technique et institutionnelle. Son réseau unique compte près de 300 policiers et gendarmes affectés dans 74 services de sécurité intérieure au sein des représentations diplomatiques à l’étranger. Elle couvre ainsi plus de 150 pays.

Un objectif: le retour en sécurité intérieure

Les différentes coopérations menées cherchent à renforcer les capacités opérationnelles des forces partenaires. Dans un souci constant de retour en sécurité intérieure, la DCI contribue à la protection des intérêts de la France et des Français participant à la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et l’immigration irrégulière. Enfin, la DCI participe au rayonnement de la police nationale et de la gendarmerie nationale en exportant ses savoir-faire dans de nombreux domaines d’expertise. Il s’agit notamment de la lutte contre la cybercriminalité, des techniques d’intervention, d’investigation judiciaire et de maintien de l’ordre.

Les actions de coopération peuvent être menées dans un cadre bilatéral ou multilatéral. C’est ainsi que des policiers et des gendarmes français sont conduits à participer à des missions mises en œuvre par des organisations internationales, le plus souvent l’Union européenne ou l’ONU. La DCI, en lien avec l’opérateur de coopération technique du ministère, CIVIPOL, mais aussi avec Expertise France, contribue à la mise en œuvre de projets sous financements multilatéraux. C’est ainsi qu’elle mobilise de l’expertise dans des projets comme le projet d’appui au G5 Sahel, l’équipe conjointe d’investigation au Niger, le programme d’appui à la justice et à la sécurité, également au Niger. Ces projets sont formulés de manière à répondre aux préoccupations des pays bénéficiaires mais aussi aux objectifs de sécurité intérieure français et européens.

Au coeur du développement de la diplomatie économique

En 2010, il a été décidé de créer un bureau « partenariats » dédié à la relation avec le secteur privé au sein de la direction de la coopération internationale. Ce bureau contribue à la mise en œuvre de la diplomatie économique en France. En liaison avec l’ensemble du réseau des services de sécurité intérieure (SSI), il soutient l’exportation des matériels de sécurité intérieure et civile français, de matériels militaires dans certains cas, assiste et conseille les directions sûreté des entreprises françaises ayant des intérêts à l’étranger, quelle que soit leur taille. Avec son réseau, la DCI dispose d’un remarquable ensemble d’acteurs susceptibles d’identifier des opportunités pour des entreprises françaises dans les pays couverts ; ils sont susceptibles d’orienter celles-ci vers les bons interlocuteurs, comme de proposer aux autorités locales des rencontres avec des sociétés avec lesquelles travaille le ministère français de l’intérieur.

La DCI, en liaison avec le réseau des SSI, poursuit le double objectif d’assister les directions sûreté des grands groupes français ayant des intérêts à l’étranger et de favoriser les exportations des entreprises françaises dans les domaines de la sécurité intérieure et civile.

Une stratégie de performance globale

Les objectifs de la DCI pour soutenir les entreprises françaises consistent à étendre à la diplomatie économique, la stratégie de performance de la direction portée par les femmes et les hommes de la DCI. L’exigence morale et le professionnalisme sont à la base du succès de la DCI dans le soutien aux entreprises partenaires. Nous attachons une grande importance à la pertinence des informations transmises aux entreprises partenaires et parties prenantes, afin d’offrir aux entreprises partenaires de la DCI des opportunités de succès, dans un cadre de compétition ouverte et dans un esprit de service public. Cette démarche impose une analyse de l’évolution des besoins, que la DCI permet grâce à son réseau de SSI.

L’assistance que la DCI apporte aux services métiers du ministère de l’Intérieur pour participer à des projets européens de recherche H2020 dans lesquels sont impliquées des entreprises françaises est également un moyen de soutenir l’industrie française et européenne de la sécurité.

Enfin, nous devons aussi créer davantage de synergies avec l’opérateur de coopération internationale du ministère de l’intérieur CIVIPOL, en particulier dans la promotion de la filière des industries de sécurité. C’est un facteur de dynamisme et d’agilité qu’il nous faut exploiter.

Des missions de coopération policière et judiciaire

Cette action du ministère de l’Intérieur hors de nos frontières a notamment permis en 2018 de détecter 3500 faux documents, de contribuer à localiser prés de 2000 individus inscrits au fichier des personnes recherchées ou encore de porter assistance à plus de 2500 ressortissants français à l’étranger. La coopération hors de nos frontières prend également la forme de projets innovants récemment développés par l’échelon central et les personnels affectés à l’étranger : création d’une équipe conjointe d’investigation avec la police aux frontières espagnole au Niger pour lutter contre le trafic d’êtres humains ; mise en place du réseau Ileanet, réseau européen dédié à la recherche en sécurité intérieure ; développement des projets Empact, (European multidisciplinary platform against criminal threats) , matérialisation concrète de la coopération européenne dans la lutte contre la criminalité organisée. La DCI assure la coordination des acteurs français engagés dans ce programme français.

Vers plus de production de sécurité pour le territoire national et européen

Une réflexion est menée sur l’évolution des structures de la DCI afin que le ministère de l’Intérieur soit plus présent sur la scène européenne et internationale, avec une vision stratégique à la hauteur des enjeux.

Cette évolution est nécessaire sans toutefois nous faire perdre l’ancrage métier qui est le nôtre, celui de contribuer directement ou indirectement, par notre action en direction centrale et surtout à l’étranger, à la production de sécurité pour le territoire national et européen.

La coopération internationale n’a de sens que si elle produit de la sécurité pour le territoire national et nos concitoyens : cette mission incombe pleinement au ministre de l’Intérieur. Les enjeux de sécurité auxquels il doit faire face trouvent, pour un grand nombre d’entre eux, leurs origines à l’extérieur des frontières nationales.

Y faire face signifie qu’il nous faut être présent sur la scène européenne, en particulier dans le domaine de la justice et des affaires intérieures, mais aussi savoir nous projeter dans les pays tiers, en particulier ceux qui sont des pays sources de menaces (crime organisé, immigration irrégulière et terrorisme). Bien souvent, c’est sur le développement capacitaire qu’il faut porter nos efforts, tant par la coopération technique bilatérale que dans le cadre de projets multilatéraux, pour permettre à ces pays de garantir leur propre sécurité, de maintenir les populations sur leur territoire et aussi de coopérer avec la France.

La coopération internationale doit aussi nous permettre d’identifier des menaces avant qu’elles ne se manifestent sur le territoire national, de prendre des mesures adaptées de concert avec nos partenaires européens ou étranger. C’est tout le sens de notre investissement dans l’analyse stratégique.

Le ministère de l’Intérieur inscrit donc son action dans une dimension internationale sous forme de coopération stratégique, institutionnelle, opérationnelle et technique. Savoir combiner en permanence ces différents outils pour lutter contre toutes les menaces est le véritable enjeu de la coopération internationale de sécurité intérieure.

 

Source :  SDMAGAZINE