Présidentielles 2023 au Gabon : l’Incontournable question de cybersécurité au cœur des élections
En Afrique, depuis plusieurs années les campagnes électorales se numérisent de plus en plus. Une chose qui doit attirer l’attention pendant cette période au cours de laquelle de fausses informations sont véhiculées par les acteurs politiques. Ces informations sont souvent divulguées dans le but d'alarmer les uns et les autres mais plus encore d'inciter d’autres dans de nombreux cas à la révolte.
D’après le baromètre de la cybersécurité en Afrique, publié chaque année par le CESIA – CLUB D’EXPERTS DE LA SÉCURITÉ DE L’INFORMATION EN AFRIQUE, c’est encore une (1) entreprise et/ou organisme étatique sur 2 qui est victime d’une cyberattaque en 2022. Les professionnels de la cybersécurité en Afrique soulignent les dangers en ligne et notamment la négligence des réseaux sociaux dans la lutte contre la désinformation.
Après le Nigeria, c’est au tour du Gabon d’organiser ses élections présidentielles 2023 qui se feront en Août. La cybersécurité doit ainsi entrer dans les débats, et interpeller les futurs électeurs, les candidats et la commission en charge de l’organisation de ces élections. Car les menaces numériques n’épargnent pas l’élection présidentielle. La diffusion de fausses informations, ou « fake news », relèvent, en partie, d’ingérences numériques étrangères et de cybercriminels qui cherchent à manipuler les opinions, à encourager à la violence, à la haine ou encore à déstabiliser la vie démocratique. En parallèle, le recours aux cyberattaques est également constaté pour des fins similaires : sabotage des systèmes numériques, déni de service, espionnage, etc. De ce fait, les défis à relever pour les élections présidentielles de 2023 sont clairs : comment garantir son bon déroulement et comment se prémunir des fuites de données personnelles et de la propagation de « fake news » afin de garantir une élection « apaisée » telle que souhaité par le chef de l’État.
La désinformation ou « fake news » : la menace la plus importante
Absence de crédibilité des informations, les risques liés à l’accessibilité, les attaques par déni de service, les risques liés à la confidentialité : la fuite de données, le vol de données. Voilà autant de menaces auxquelles il faut faire pendant la période électorale. Une période qui ne reste pas pour le moins très sensible. On pense par exemple à la mobilisation des électeurs, l’organisation des débats sur des plateformes numériques, la construction des programmes de manière collaborative en ligne, les retransmissions etc. Ces espaces numériques vulnérables deviennent alors de potentiels cibles d’attaques .
En 2016 par exemple, le Gabon a battu le record en matière de désinformation favorisée par le taux de pénétration d’Internet et les réseaux sociaux mais aussi le « deepfakes ». Cette dernière pratique, permet aux cybercriminels de modifier des fichiers audio ou vidéo grâce à l’intelligence artificielle pour transformer par exemple un discours. Il est donc possible d’utiliser l’image d’une personne publique pour passer des messages qui impacteraient la sécurité nationale ou la stabilité du pays.
En outre, il devient de plus en plus difficile de juger de la véracité ou non d’un fichier du fait des innovations techniques. D’autre part, la viralité des réseaux sociaux et les nouvelles activités « d’influenceurs » devraient faciliter, accélérer et agrandir cette menace. Il est donc primordial de considérer les effets potentiels de ce phénomène sur l’opinion publique, la polarisation politique et, finalement, le processus démocratique durant les élections présidentielles 2023 au Gabon.
La protection de la commission en charge d’organiser les élections.
Afin de garantir la fiabilité du processus électoral au Gabon, la cybersécurité doit être une préoccupation pour tous les acteurs impliqués dans l’élection présidentielle. Tout d’abord, la sensibilisation aux dangers en ligne est primordiale. Afin d’assurer des connaissances et bonnes pratiques en matière de sécurité, durant une élection présidentielle, des formations doivent être mises en place pour toutes les parties prenantes. Pour une protection optimale, l’authentification à double facteur doit être activée pour protéger les comptes des candidats, et des membres de son équipe, sur les réseaux sociaux. Par conséquent, un budget consacré au numérique est fortement conseillé pour les équipes électorales.
D’autres menaces non négligeables en période électorale
La déstabilisation d’un pays ne se fait pas qu' à travers les armes. Il s’est déplacé aujourd’hui sur l’espace numérique. Entre autres menaces figurent le sabotage numérique et l’espionnage.
- Le sabotage numérique :
Qui s’apparente à une « panne informatique » consiste à rendre inopérant tout ou partie d’un système informatique. Pour y parvenir, les moyens d’attaques sont d’autant plus nombreux que les organisations ne sont pas toujours préparées à faire face à des actes de malveillance. Les conséquences peuvent être catastrophiques à l’échelle d’un pays : impact sur l’image d’un candidat et donc remise en question de la crédibilité de l’élection, un impact financier non négligeable si le dispositif ciblé devrait être reconstruit, etc.
- L’espionnage :
D’après le Baromètre de la cybersécurité publié par le CESIA, CLUB D’EXPERTS DE LA SÉCURITÉ DE L’INFORMATION EN AFRIQUE, en 2022, une (1) entreprise/organisme de l’état sur deux (2) a été la cible d’une cyberattaque. Au nombre de ces attaques de plus en plus sophistiquées, l’espionnage est privilégié pour les organismes étatiques. Il s’agit d’infiltrer un système informatique avec pour objectif de maintenir discrètement son accès le plus longtemps possible afin de capter l’information stratégique en temps voulu. En période électorale au Gabon, les conséquences sont une fois de plus catastrophiques en cas d'espionnage d’un candidat ou du pouvoir en place.
La cybersécurité doit être au cœur des préoccupations de tous les acteurs impliqués dans la préparation des prochains scrutins au Gabon. La sensibilisation aux dangers en ligne est primordiale. Des experts informatiques ou des équipes de réponse aux incidents en Afrique doivent être à même de déterminer les meilleures mesures et outils à déployer, afin d’assurer au mieux la protection des données.
Didier SIMBA
Président du CESIA