Le rôle de Cybastion dans le monde cyber en Afrique
Le continent africain est en pleine transformation numérique. Dans le même temps, des défis liés à la cybersécurité se multiplient à mesure que les infrastructures se digitalisent. La voix des experts et des bâtisseurs de solutions africaines est plus que jamais nécessaire. À ce carrefour critique, Cybastion s’impose comme un partenaire clé des États africains dans leur quête de souveraineté numérique. Fondée aux États-Unis par la diaspora africaine, l’entreprise multiplie ses interventions sur le terrain africain. Elle allie expertise technologique, formation, infrastructures et accompagnement stratégique.
À l’occasion de sa participation en tant que Founding Partner du Cyber Africa Forum 2025, Africa Cybersecurity Mag s’est entretenu avec M. Mohamed Dembele, Managing Partner de la Cybersecurity Business Unit chez Cybastion. Dans cet échange, il revient sur les ambitions de l’entreprise, les failles majeures qui minent la résilience numérique des États africains, les leviers indispensables pour bâtir un écosystème souverain, ainsi que la vision de Cybastion pour une Afrique capable de se défendre et d’innover face aux menaces numériques globales.
Africa Cybersecurity Mag : Bonjour M., présentez-vous s’il vous plait
Mohamed Dembele : Je suis Mohamed Dembele, Managing Partner, Cybersecurity Business Unit chez Cybastion. Cybastion est une entreprise qui a été créée aux États-Unis par la Diaspora Africaine pour proposer des solutions pérennes aux États-Africains en matière de cybersécurité. Mais pas seulement en matière de cybersécurité puisque Cybastion est divisé en quatre (04) Business Unit. La première Business Unit concerne la cybersécurité, la seconde prend en compte les Infrastructures (la Business Unit Infrastructure). Elle permet de mettre en place des Data Centers ou des fibres optiques. La troisième Business Unit est tout ce qui est de la transformation digitale et puis la dernière Business Unit englobe tout ce qui a rapport à la formation et à la sensibilisation des États-Africains.
Africa Cybersecurity Mag : Pourquoi avez-vous choisi de participer au Cyber Africa Forum cette année en les accompagnant en tant que partenaire Founder ? Et que représente cet événement pour Cybastion dans sa stratégie continentale ?
Mohamed Dembele : Depuis que le Cyber Africa Forum a commencé, Cybastion a toujours été partenaire. Nous avons toujours soutenu le Cyber Africa Forum parce que nous pensons qu'à travers ce forum, on discute des problématiques cyber. En tant que tel, Cybastion doit être forcément là pour pouvoir soutenir cette initiative africaine. Notre participation est donc comme un soutien pour nous assurer que les messages de sensibilisation que nous voulons donner à la population africaine puissent passer à travers ce rendez-vous.
Africa Cybersecurity Mag : Cybastion est très actif dans les partenariats avec des gouvernements africains, notamment dans la sécurisation des infrastructures critiques. Quels sont les objectifs que vous poursuivez à travers ces collaborations ?
Mohamed Dembele : En ce qui concerne les partenariats avec des gouvernements africains, il faut noter que ce sont des collaborations gagnant-gagnant. Cybastion apporte des solutions cyber et ces solutions-là s’inscrivent dans une logique de partenariat. Des États Africains, quels qu’ils soient, aimeraient sécuriser leurs infrastructures. En réponse à ce besoin, Cybastion vient apporter des solutions africaines en intégrant justement ces solutions à la réalité du continent. Parce que nous sommes tous des Africains. Cybastion aimerait donc apporter notre grain de sel au développement de l'Afrique, à la sécurisation des infrastructures critiques en Afrique.
Africa Cybersecurity Mag : Quelles sont selon vous, les principales vulnérabilités que doivent aujourd’hui prioriser les États africains pour renforcer leur souveraineté numérique ?
Mohamed Dembele : D'abord qu'il y a certaines infrastructures critiques qui ne sont pas protégées aujourd'hui en Afrique. Et souvent, c’est parce qu'il y a une absence des systèmes de défense solide pour les secteurs vitaux (l'énergie, la santé, les télécommunications, les transports, les banques…). Un constat bien réel. Certains États sur le continent n'ont même pas des plans nationaux des réponses aux incidents cyber. Et en plus de ça, il y a une faible redondance des données sensibles, la faible maturité des cadres juridiques et réglementaires. Plus loin, jusqu’à aujourd'hui, il y a beaucoup de pays qui n'ont pas encore des lois complètes sur la cybersécurité ou sur la protection des données personnelles. Ce qui en conséquence entraine des manques de capacités d'application au niveau de la police, la justice ou même des autorités de régulation du numérique.
Il ne faut pas oublier que la cybercriminalité aujourd'hui est en croissance partout en Afrique à travers le phishing, l'escroquerie en ligne… Ce qui fait que des pays africains deviennent à la fois des victimes et aussi des zones de transit pour la cybercriminalité. Il y a même des groupes cybercriminels qui sont organisés juste pour faire du mal. C'est-à-dire que l’installation d’une infrastructure cyber en Afrique par tel ou tel autre pays ne résout pas le problème. Car très vite les logiciels, les équipements deviennent obsolètes. Ce qui implique qu’il faut pouvoir les mettre à jour d'une façon continue. Et c'est ce qui manque ici aujourd'hui dans la plupart des pays africains. L’autre chose concerne l’hébergement des serveurs à l’étranger. Environ 90 à 95 % des serveurs sont hébergés à l'étranger. Pour ce qui est des ressources humaines, il faut préciser que le continent soufre aussi d’une pénurie d'experts. Chez nous à Cybastion, nous faisons le développement de la formation et de la sensibilisation à la culture cyber. Aujourd'hui, il n'y a pas assez de sensibilisation dans les pays africains, parce que l'utilisateur lambda ne sait même pas ce que c'est la cybersécurité.
Africa Cybersecurity Mag : Comment Cybastion adapte-t-il ses approches technologiques et organisationnelles aux réalités locales de chaque pays où vous intervenez ?
Mohamed Dembele : Lorsque nous allons mettre en place une solution ou lorsque Cybastion vient travailler avec un État, nous nous assurons qu'au sein de l'équipe qui va mettre en place nos solutions, nous avons des personnes locales qui comprennent la culture locale. Ce qui va nous permettre de ne pas faire un débordement. Puisque la solution vient des États-Unis. Ce qui implique que nous devons l’adapter à la culture, à l'environnement. Tout cela en étroite collaboration avec les ressources humaines locales qui travaillent pour nous dans ledit projet.
Africa Cybersecurity Mag : À votre avis, quels leviers doivent être actionnés pour faire émerger un écosystème cyber africain fort, résilient et capable de produire des solutions souveraines et pérennes ?
Mohamed Dembele : D’abord, la première des choses, c'est d’avoir des Data Centers nationaux. Ensuite, le deuxième levier, c'est de pouvoir mettre en place des équipes de cybersécurité qui sont à mesure de prendre le relais lorsqu’il y a une cyberattaque. Enfin, la troisième chose, c'est la sensibilisation et la formation, non pas seulement des experts, mais aussi de la population, des leaders et puis du consommateur.
Africa Cybersecurity Mag : Au-delà de cette édition 2025, quelles perspectives de développement et d’impact socio-économique espérez-vous générer grâce à votre partenariat avec le Cyber Africa Forum 2025 pour le secteur numérique africain dans son ensemble ? Votre vision de l’écosystème numérique africain pour finir.
Mohamed Dembele : Je dirais tout simplement que notre participation à ce forum vient renforcer notre niveau sensibilisation à la cybersécurité sur le continent. Cybastion est aujourd’hui présent dans plusieurs pays africains. Nous sommes une référence dans certains. Et donc, quand ces pays-là participent à des rendez-vous cyber, ils savent que quand nous sommes là, ils sont plus ou moins confiants. Parce qu'ils nous font confiance. Autre chose, c'est que nous profitons à travers le Cyber Africa Forum 2025 pour pouvoir aussi donner notre point de vue sur la cybersécurité. Parce que la cybersécurité, ce n'est pas seulement la mise en place d'une technologie, mais c'est surtout comment utiliser cette technologie-là et faire en sorte que cette technologie-là devienne pérenne. En Afrique, les dix (10) dernières années ont connu une croissance du nombre d'applications. Mais en même temps, il y a eu aussi une croissance des cyberattaques. Ce qui signale qu’il faut changer de paradigme. Et le changement de ce paradigme est de commencer toujours par faire de la cybersécurité une priorité. Donc, depuis la conception, il faut penser à la cybersécurité. Pendant la conception, il faut penser à la cybersécurité. Durant les tests, il faut penser à la cybersécurité. Lors du déploiement, il faut penser à la cybersécurité. Donc, il faut que la cybersécurité devienne omniprésente dans tout ce que nous faisons en ligne.
Africa Cybersecurity Mag : Votre mot de fin pour conclure cette interview
Mohamed Dembele : Ce n'est pas la solidité de nos technologies qui garantira la résilience de notre écosystème numérique en Afrique, mais plutôt la lucidité de nos choix face au progrès.
Propos recueillis par Koffi ACAKPO, journaliste digital