Rapport Opération Serengeti : INTERPOL et AFRIPOL arrêtent 1 006 suspects cybercriminels en Afrique
INTERPOL a annoncé le mardi 26 novembre 2024 sur son site Web, l’arrestation de 1 006 suspects cybercriminels en Afrique et le démantèlement de 134 089 infrastructures malveillantes. C’est à travers l’Opération Serengeti, une initiative conjointe menée par INTERPOL et AFRIPOL que ce vaste réseau de cybercriminel a été mis hors d’état de nuire.
L’Opération Serengeti
Selon les autorités, l’Opération Serengeti a principalement pour cible les cybercriminels responsables de ransomwares, de compromission des e-mails professionnels, de l'extorsion numérique et des escroqueries en ligne. Des menaces les fréquentes sur le continent africain. Plus loin, à en croire environ plus de 65 rapports analysés par les experts de INTERPOL, plus de 35 000 victimes ont été identifiées et des pertes estimées à près de 193 millions de dollars. Un véritable coup de semonce dans un secteur en pleine évolution.
Par ailleurs, les autorités de 19 pays africains ont été impliqués dans l’Opération. À cela s’ajoutent plusieurs partenaires du secteur privé. Ces derniers ont mis en place un travail de renseignement sans précédent. Ce qui a permis de mener les actions de l’Opération avec une précision chirurgicale. Des acteurs majeurs de la cybersécurité, notamment des fournisseurs d’accès Internet (Fortinet, Group-IB, Kaspersky, Team Cymru, Trend Micro, Uppsala Security) ont soutenu l’opération en intervenant directement pour corriger les vulnérabilités et sécuriser des infrastructures critiques.
8 millions de dollars redistribués aux victimes
Le Kenya, le Sénégal, le Nigéria, le Cameroun et l’Angola sont les pays où l’Opération a fait ses gros coups de maitre. En effet, au Kenya, une fraude à la carte de crédit de 8,6 millions de dollars a été résolue. Les fonds détournés ont été redistribués via SWIFT vers des sociétés aux Émirats arabes unis, au Nigéria et en Chine. Au Sénégal, l'opération a permis l’arrestation de huit (08) personnes dont cinq (05) ressortissants chinois. Ils ont été impliqués dans une escroquerie de 6 millions de dollars ayant touché 1 811 victimes. Une perquisition dans leur appartement a permis de mettre la main sur plus de 900 cartes SIM, des téléphones, des ordinateurs et des copies des cartes d'identité des victimes.
Des résultats de l’Opération Serengeti
Au Nigéria, l’Opération a démantelé un réseau de fraude lié à des investissements en ligne. Ce réseau générait plus de 300 000 dollars en promesses de retours rapides en cryptomonnaie. Cette affaire souligne la sophistication croissante des escroqueries numériques. Au Cameroun, l’Opération Serengeti a permis de mettre la main sur un groupe de cyberescrocs qui utilise des escroqueries de marketing à paliers multiples (MLM). Une stratégie qui captive des victimes à qui des promesses de travail ou de formation étaient faites avant de les forcer à recruter d’autres victimes. Les premières estimations révèlent un butin de 150 000 dollars.
En Angola, des enquêteurs de l’Opération Serengeti ont démantelé un groupe cybercriminel à l’origine d’un casino virtuel qui escroque des centaines de joueurs. Le groupe cible principalement les joueurs brésiliens et nigérians. Il recrutait via des plateformes en ligne et offrait des pourcentages de gains en échange de nouveaux abonnés. L’opération a abouti à l’arrestation de 150 suspects, avec la saisie de 200 ordinateurs et plus de 100 téléphones portables.
Satisfecit et perspectives des dirigeants
Valdecy URQUIZA, Secrétaire général d'INTERPOL a salué les résultats de l’Opération Serengeti en insistant sur une lutte commune à l’échelle mondiale contre la cybercriminalité. « L’opération Serengeti montre ce que nous pouvons accomplir en travaillant ensemble, et ces arrestations à elles seules permettront d’épargner à d’innombrables futures victimes potentielles de véritables souffrances personnelles et financières. Nous savons que ce n’est que la pointe de l’iceberg, c’est pourquoi nous continuerons à cibler ces groupes criminels dans le monde entier », a-t-elle déclaré.
« Grâce à Serengeti, AFRIPOL a considérablement renforcé son soutien aux forces de l’ordre dans les États membres de l’Union africaine. Nous avons facilité des arrestations importantes et approfondi nos connaissances sur les tendances de la cybercriminalité. Nous nous concentrons désormais sur les menaces émergentes telles que les logiciels malveillants basés sur l’intelligence artificielle et les techniques d’attaque avancées », a défendu Jalel CHELBA, Directeur Exécutif d'AFRIPOL.
L’Opération Serengeti est le fruit d’une collaboration exemplaire entre les forces de l’ordre, les partenaires du secteur privé et des gouvernements engagés. Ensemble, les pays africains, soutenus par INTERPOL et AFRIPOL montrent qu’il est possible de mener une guerre efficace contre la cybercriminalité.
Source : INTERPOL
Koffi ACAKPO
Journaliste digital