Projet OCWAR-C et Lutte contre le cybercrime : Que retenir 24 mois après ?
Internet ne connaît pas de frontières. En Afrique de l’Ouest, il se démocratise et s’installe dans la vie quotidienne des populations, ce qui engendre un accroissement des cybermenaces pour les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Or, la cybercriminalité représente des pertes de plusieurs millions de dollars pour les économies des États membres de la CEDEAO. D’après le rapport de la plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) en Côte d’Ivoire, publié en 2017, la cybercriminalité a causé la perte de 5,4 millions de dollars en 2016 et de 6,1 millions de dollars en 2017. Le Ghana et le Nigéria, pour leur part, ont perdu respectivement 50 et 550 millions de dollars en 2016. Ainsi, il est essentiel de protéger les utilisateurs – les États, les entreprises et les citoyens – contre les dangers du cyberespace et d’instaurer un climat de confiance et de sécurité autour de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Cependant, le caractère transnational de la cybercriminalité la rend difficile à neutraliser. C’est pourquoi il est nécessaire de mettre en place des stratégies nationales de cybersécurité visant à identifier, contrôler et traiter les cybermenaces et d’instaurer des coopérations entre États aux niveaux régional et international. Cela représente un défi pour les États membres de la CEDEAO, tant au niveau de la mise en œuvre de leurs cadres législatifs et réglementaires respectifs que de la disponibilité de ressources financières et d’expertise sur le sujet.
Afin de résoudre les problèmes de cybersécurité et de cybercriminalité, de favoriser la coopération entre États et de participer à la mise en œuvre de l’agenda cybersécurité de la CEDEAO, l’Union européenne et la Commission de la CEDEAO se sont alliées autour du projet « Organised Crime : West African response to Cybersecurity and fight against Cybercrime » (OCWAR-C). Ce projet fait partie, avec OCWAR-T (lutte contre les trafics) et OCWAR-M (lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme), des projets financés par l’Union européenne de lutte contre le crime organisé en Afrique de l’Ouest. Le projet est mis en œuvre dans les États membres de la CEDEAO (Bénin, Burkina Faso, Cabo Verde, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone et Togo) ainsi comme en République islamique de Mauritanie.
L’objectif premier d’OCWAR-C est de contribuer à améliorer la cybersécurité et à lutter contre la cybercriminalité dans les États membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et en Mauritanie. Plus spécifiquement, le projet OCWAR-C visera à améliorer :
- la résilience et la robustesse des infrastructures de l’information ;
- la capacité des parties prenantes en charge de la lutte contre la cybercriminalité.
Cela passera par l’adoption d’une approche multi-acteurs respectueuse des droits humains et la mise en œuvre de mesures institutionnelles, organisationnelles et techniques. Celles-ci visent à mieux préparer les parties prenantes aux problèmes de cybersécurité et amélioreront la législation en la matière, conformément aux conventions régionales, continentales et internationales.
Afin d’atteindre les objectifs du projet, sept activités principales seront mises en œuvre:
- Établir un cadre stratégique renforçant l’expertise technique, opérationnelle et analytique des institutions nationales concernées par la cybersécurité
- Améliorer la sensibilisation à la cybersécurité et l’habilitation des intervenants pour sécuriser internet aux niveaux national et régional
- Améliorer les capacités de traitement des incidents de sécurité informatique dans deux pays pilotes
- Renforcer le respect des droits humains et de la primauté du droit dans deux pays pilotes
- Analyser le cadre stratégique de mise en œuvre de l’infrastructure à clé publique (PKI) pour deux pays pilotes
- Améliorer le cadre juridique permettant aux citoyens de profiter des dividendes numériques d’un cyberespace ouvert, libre, sûr et résilient
- Améliorer les capacités de réponse aux cas de cybercriminalité dans deux pays pilotes
Ce projet d'une durée de 48 mois(soit pour 04 ans) financé par l'Union Européenne à hauteur de 7,5 Millions d'Euros, a débuté le 01 Février 2019. Plusieurs activités ont été faites durant les deux ans passés. Parmi celles ci, on peut énumérer :
- Bilan de la cybersécurité dans la zone couverte
- Elaboration des Documents stratégiques régionaux (Stratégie régionale de cybersécurité et Politique régionale de protection des infrastructures critiques)
- Formations et campagnes de sensibilisation en cybersécurité
- Aide à la révision du cadre juridique dans les pays bénéficiaires
La Rédaction d'Africa CyberSecurity Mag