Désinformation active en Afrique de l'Ouest : Le célèbre cyber- activiste Gauthier Pasquet mis aux arrêts
Le cyber-activiste Gauthier Pasquet a été démasqué et arrêté en Côte d'Ivoire le 16 janvier 2024, d'après les informations du média français TV5 Monde. Opérant derrière un faux compte, Pasquet est sans doute le troll le plus célèbre d'Afrique de l'Ouest. Pendant plusieurs mois, il a diffusé sur le réseau Twitter de fausses informations concernant les régimes en place au Mali et au Burkina Faso.
Cependant, qui est véritablement Gauthier Pasquet ?
Gauthier Pasquet est spécialisé dans la publication d'informations souvent fausses, parfois véridiques, visant à déstabiliser les régimes militaires d'Afrique de l'Ouest. Identifié et appréhendé à Abidjan en janvier dernier, il est à l'origine d'une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux à l'encontre de l'homme d'affaires burkinabé Mahamadou Bonkoungou, qui a vite réagi en portant plainte. Cette campagne s'inscrit dans un projet plus vaste visant à déstabiliser le régime du capitaine Ibrahim Traoré. Le compte Twitter [@Gauthier_Pasq] est actif depuis août 2021 et est suivi par plus de 29 000 personnes avec pour action la diffusion de plusieurs fausses informations.
Quelques faits d’armes qui font de lui un cavalier de la désinformation en Afrique
- Infox sur Abdoulaye Diop, Ministre malien des Affaires Étrangères
Gauthier Pasquet a partagé sur le réseau social Twitter, le 27 août 2022, deux captures d'écran prétendant montrer deux tweets supposément émis par Abdoulaye Diop, Ministre malien des Affaires Étrangères, avant de les retirer. Ces publications ont d’ailleurs suscité l'attention des journalistes d'Africa Check, qui ont dédié un article à cette affaire, à paraître le 16 septembre 2022. Dans sa publication, Africa Check a tranché en indiquant : "Des analyses effectuées sur ces messages attribués au chef de la diplomatie malienne démontrent qu'il s'agit de tweets générés."
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Fausse déclaration attribuée à la mission du Mali à l’ONU
Le 10 novembre 2022, son huitième tweet de la journée était aussi une déclaration attribuée à la Mission du Mali à l’ONU. Cette infox est intervenue, pour rappel, dans un contexte de tensions entre Bamako et Paris, soldées par le départ précipité de la force française Barkhane du Mali, le 15 août 2022. Le tweet généré avait été formellement démenti par la Mission permanente du Mali à l’ONU via son compte Twitter. « La République du Mali dit ses remerciements à la France et à l’opération @BARKHANE_OP qui a contribué à sécuriser nos populations. Le Mali souhaite être intégré au nouveau projet stratégique du redéploiement post-barkhane pour une nouvelle collaboration acceptée de tous. », pouvait-on lire dans ce tweet de Gauthier Pasquet, accompagné par une capture d’écran avec les mêmes mots et un supposé lien conduisant à une publication de l’ONU. Ce qui était faux.
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Une vidéo de manifestation sortie hors de son contexte
Pendant qu’une délégation de la Cédéao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] était attendue à Bamako le 29 septembre 2022, il a publié une vidéo hors contexte pour prétendre illustrer une « grande marche de la société civile » contre les autorités maliennes, le même jour. Or, il s’agissait en réalité d’une séquence extraite d’une vidéo datant de mai 2022, montrant une manifestation pour demander la fin de l’embargo contre le Mali, comme on peut le constater dans une vérification de Benbere.org, publiée le 01 octobre 2022.
Le cyber-activiste, initialement membre du parti de Guillaume Soro, a fini par se rapprocher du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), dirigé par le Président Alassane Dramane Ouattara. En réalité, l'affaire qui le fait connaître est celle des 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali en juillet 2022, accusés d'avoir voulu déstabiliser le pouvoir en place à Bamako. Le 25 mai 2023, le journal le Monde Afrique s'est entretenu avec Gauthier Pasquet, où il affirmait que souvent ses publications contenaient des contre-vérités pour susciter l'irritation de ses opposants. Selon lui, il s'agit en réalité d'une guerre informationnelle. « Comme on le dit à la guerre, comme à la guerre », a-t-il déclaré.
Cela révèle les complexités de la guerre informationnelle dans le contexte politique de l'Afrique de l'Ouest et met également en évidence la nécessité d'une vigilance accrue dans la gestion de l'information.
Sources : TV5Monde, Le Monde Afrique